Mercredi, 24 juin 2020

Quota de femmes sur les listes électorales : un projet coulé par idéologie

Les débats ont été nourris dans le parlement du Grand Conseil. Le sujet de la représentation des femmes dans notre hémicycle est une préoccupation majeure du parti vert’libéral. L’instauration de quotas n’est pas une solution pour notre parti. La réelle question a se poser est « Pourquoi les femmes sont-elles réticentes à se porter candidates en politique ? ». La députée Mireille Tissot-Daguette a pris position pour notre groupe.

En bref

 

Une partie de cette réponse se trouve dans la dureté du regard sur les femmes faisant de la politique. Les quotas ne résoudront pas cette question de mentalité, un travail doit être fait à l’intérieur des partis pour mettre en avant ses élues femmes et non pas de les mettre à l’écart.

Malgré notre réticence aux quotas, nous étions prêts à faire un consensus en proposant deux amendements, vu que nous n’avions pas été invités aux discussions de la commission. Nos deux amendements consistaient à prendre en compte les petits partis qui n’ont pas forcément le luxe d’avoir le choix en genre de leurs candidats, ainsi qu’une certaine souplesse dans les quotas en mettant un minimum de 40% au lieu de 50% de femmes sur les listes. Le consensus du deuxième amendement aurait pu trouver une majorité, mais le président du groupe socialiste en a décidé autrement - entrainant son groupe dans une croisade idéologique stérile.

Notre parti regrette le dogmatisme des deux pôles de notre parlement, qui n’a pas permis d’avancer ensemble dans une solution. Un statu quo est un signe triste pour la population, même si le débat nourri a pu porter une problématique cruciale. Espérons que les partis prendront leur responsabilité pour les prochaines élections et peut-être nous arriverons à améliorer la représentativité féminine de notre parlement. Le combat n’est pas fini et les mentalités sont encore en train de changer.

 

Prise de position

 

L’instauration de quotas est un exercice délicat. Les premières questions à se poser, dans cette situation, son « Cette discrimination positive est-elle nécessaire et quelles sont les objectifs à atteindre ? ».

 

Le groupe vert’libéral-PDC partage totalement la préoccupation de la commission sur la représentation féminine dans notre parlement. Malgré une amélioration significative ces dernières années, la part de femmes dans notre parlement peine à dépasser la barre des 30 %.

 

Si nous partageons ce constat, nous ne partageons pas tous l’idée des quotas. Il est vrai que nous devons trouver des solutions pour faire avancer les mentalités, mais pour notre groupe le plus grand travail doit se faire à l’intérieur des partis et non pas en instaurant des quotas et des restrictions sur les listes. Les partis ont un grand rôle à jouer dans la représentativité pour encourager les femmes dans la politique. Le milieu politique reste à connotation masculine et encore trop peu de femmes osent prendre le devant de la scène. Encore trop souvent, les élues femmes sont cantonnées au sujet de moindre importance et liés à la famille au sens large. Mais, peu à peu, la situation tend à changer, avec des femmes qui trouvent leur place dans des sujets d’importance et des partis qui leur laisse la place à la tribune. Pour notre groupe, la possibilité de changement se trouve là, en laissant les femmes élues à être sous le feu des projecteurs et devenir peut-être des modèles pour d’autres femmes qui oseront, ensuite, se lancer en politique.

 

Il est vrai qu’un tel processus prend du temps et plus de 60 ans après l’instauration du droit de vote des femmes dans notre canton, il y a de quoi devenir impatient d’observer notre parlement qui n’approche toujours pas de la parité en genre. Pour cette raison, nous sommes prêts à soutenir des quotas de genre, mais à condition que nos deux amendements soient acceptés.

 

Avec les deux amendements de notre groupe, nous voulons atténuer les effets secondaires des quotas. Le but est d’encourager les candidatures féminines pour avoir plus de représentation féminie dans notre hémicycle et non pas de pénaliser des hommes à être candidats. Cependant, nous savons tous que dans notre société, il est de plus en plus difficile de trouver des personnes prêtes à s’engager dans notre politique de milice, indépendamment de leur sexe. Ces quotas ne doivent pas, par rebond, empêcher des hommes ou des personnes non-binaires motivées à être candidat-e-x, par manque de femmes trouvées. L’idée de remplir les listes par des candidates alibi serait complétement contreproductive pour atteindre l’objectif visé. Une personne ne doit pas se présenter à une élection simplement sous le critère de son genre. C’est pour cette raison que le groupe vert’libéral ne veut pas faire un quota de 50%, mais de 40% : pour permettre aux partis une marge de manœuvre. Non seulement pour avoir des candidats motivés et de qualité, mais aussi pour permettre d’avoir une bonne représentativité sur d’autres critères, que ce soit le lieu domiciliation, l’origine, l’âge ou tout autre critère.

 

Cette instauration de quotas ne prend pas non plus en compte la difficulté des jeunes et petits partis de rassembler des candidats et de pouvoir émerger dans l’espace politique cantonal. Avec une votation à la proportionnelle, il est évident que plus une liste est remplie plus les chances sont grandes d’avoir des élus. Un parti qui ne trouve qu’une vingtaine de candidats qui adhèrent à ses idées et qui sont prêts à se présenter, il devra aussi faire attention à la parité. Et ainsi peut-être perdre une bonne partie de sa liste. Nous venons tout juste d’abaisser le quorum, qui était un obstacle pour les petits partis. Ce n’est pas pour rajouter d’autres embuches juste après. Les petits partis permettent de diversifier les idées et de neutraliser la polarité de notre parlement. Pour cette raison, que nous avons déposé un amendement, qui incite, sans obliger les partis ne remplissant pas les deux tiers des listes.

 

Avec nos deux amendements, nous pourrons accepter cette lois et l’instauration des quotas sur les listes du Grand Conseil, sans être pour autant enthousiaste de la solution proposée. Les quotas et la discrimination positive sont rarement une solution à un problème. Ayant suivi des études scientifiques typées masculines, j’ai pu voir à quel point, une femme compétente dans un domaine typé masculin, fait bien plus avancer la cause des femmes, que plusieurs femmes se trouvant là par obligation et qui n’ont pas les compétences requises. Une femme compétente dans un milieu masculin fait à elle seule bouger les mentalités. Alors, que l’inverse ne fait que renforcer les mentalités déjà solidement ancrées.

 

De plus, Nous trouvons qu’il est un peu tôt pour instaurer de nouvelles contraintes dans les élections cantonales, alors que nous n’avons pas encore testé des élections sans contraintes géographiques. En effet, la première élection du Grand Conseil avec la circonscription unique possédera, peut-être, une nouvelle contrainte, celle de la représentation féminine. Cette nouvelle contrainte mettra un biais dans les prochaines élections. Nous ne pourrons, donc, pas avoir une vision claire sur la conséquence de la circonscription unique sur la représentation des régions dans notre parlement. Nous trouvons dommage de vouloir faire deux changements conséquents pour la même élection.

 

Concernant l’amendement du député Daniel Ziegler, nous le refuserons. D’une part, le fait de mettre un quota sur les femmes et les hommes écarte la loi de son objectif qui est d’augmenter la part féminine dans notre parlement. Notre objectif est d’atteindre la parité dans le parlement, mais pas forcément sur les listes. Nous pourrions rêver de listes majoritairement féminines. D’autre part, nous ne pouvons pas accepter une loi qui n’a pas une fin dans le temps. Il est sain de devoir refaire le point sur l’instauration de ces quotas après 4 élections. Nous espérons que ces quotas ne seront plus utiles et que cette loi pourra simplement ne pas être reconduite. Pour les mêmes raisons, nous refuserons l’amendement de la députée Doris Angst.

 

En résumé, le groupe Vert’libéral-PDC prend au sérieux la thématique de la représentation féminine dans notre parlement, en travaillant tout à bord au sein de leur parti et de notre groupe. Cependant, nous ne sommes pas convaincus que les quotas soient la solution à cette problématique, mais nous sommes prêts à faire le pas, si nos deux amendements sont acceptés.