Mercredi, 20 février 2019

Canton de Neuchâtel, canton bio ! Succès de notre motion au Grand Conseil

Les députés du Grand Conseil ont témoigné de leur large soutien, par 68 oui contre 35 non et 10 abstentions, à notre motion "Après la ville, le canton : pour une viticulture et une agriculture bio". A compter d'aujourd'hui, le Canton va préparer un plan de conversion de ses domaines au bio. La Ville avait fait le premier pas avec ses vignes, le Canton a repris le flambeau. Et la balle retourne maintenant à la Ville, qui pourrait en faire bientôt autant pour ses domaines agricoles. Ca bouge, à Neuchâtel !

Par Mauro Moruzzi, député vert'libéral au Grand Conseil

 

Fin octobre dernier, la ville de Neuchâtel a pris la décision visionnaire de convertir à terme l’ensemble de ses domaines viticoles au bio. Notre vignoble cantonal, qui est déjà nettement au-dessus de la moyenne suisse en la matière, comptera ainsi le quart de sa surface en culture biologique.

 

Les exploitants privés sont aujourd’hui de plus en plus nombreux à franchir le pas, répondant ainsi à une demande qui devient toujours plus forte du côté des consommateurs : loin de représenter un handicap pour les producteurs, cet effort réel que constitue un passage au bio que les exploitants entreprennent pour fournir un produit sain pour le consommateur, et surtout pour notre environnement, est en train de se convertir en véritable atout également en termes de marketing.

 

En ville de Neuchâtel, après les vignes, le législatif de la Ville travaille en ce moment, de concert avec le Conseil communal, à franchir la prochaine étape : celle d’envisager la conversion des parcelles agricoles qui appartiennent au Chef-lieu. La commission spéciale créée à cet effet se réunira ce soir pour faire le point sur la question et préparer un calendrier des prochaines démarches, dont la première sera de rédiger un projet d’arrêté à soumettre au Conseil général.

 

S’il est sans doute peu réaliste d’envisager un passage rapide au bio de tous les domaines agricoles de la Ville, contrairement au vignoble, un très large consensus existe néanmoins au sein des Autorités communales pour donner le signal sans trop tarder : la décision de principe pourrait être prise dans le courant de ce semestre encore.

 

Et c’est ce signal qui est important : aujourd’hui, nous voulons dire clairement notre attachement à une production alimentaire saine, respectueuse de la nature et de la biodiversité. Et si possible de proximité. Car oui, notre proposition se veut aussi un message très fort de reconnaissance à toutes et tous les viticulteurs et les agriculteurs qui ont déjà franchi le pas, parfois depuis des années, pour produire en bio, malgré les difficultés et parfois même malgré les quolibets. Il y en a d’ailleurs parmi nous, de différents bords politiques – c’est réjouissant- et nous aimerions profiter de l’occasion pour leur dire un tout grand merci !

 

Dans ce domaine, comme dans d’autres, il y a ceux qui investissent beaucoup d’énergie à nous expliquer pourquoi les choses sont impossibles, pendant que d’autres, moins nombreux mais d’autant plus admirables, préfèrent consacrer leur temps à les réaliser.

 

Voilà pourquoi nous vous demandons aujourd’hui, par voie de motion, de projeter notre canton vers l’avenir en demandant à ce que l’Etat suive l’exemple de la Ville de Neuchâtel et qu’il établisse un plan de conversion des domaines dont il est propriétaire, à l’agriculture et à la viticulture biologique ou biodynamique. Cette motion nous l’avons dit constitue une réponse à une préoccupation grandissante de la population, quant aux modes de production des aliments qui finissent dans son assiette.

 

La demande de produits bio a le vent en poupe : elle est en constante augmentation ces dernières années, et ceci malgré des prix pour l’instant un peu plus élevés que ceux des produits de l’agriculture dite “conventionnelle”.  Selon les chiffres publiés par Bio Suisse, le marché du bio a augmenté de 8,1% entre 2016 et 2017 dans notre pays.

 

Les consommateurs sont également de plus en plus sensibles, et c’est heureux, à la production de proximité : des circuits économiques courts garantissent l’emploi chez nous et ils diminuent drastiquement l’empreinte carbone de nos aliments.

 

Malgré tous ces bons côtés, la production agricole du canton de Neuchâtel, contrairement à celle de notre vignoble, est à la traîne en matière de production labellisée : selon un reportage de la RTS du 13 avril dernier, la part d’exploitations bio dans l’agriculture neuchâteloise est en-dessous de la moyenne suisse, avec son modeste 12%. A l’autre bout du pays, les chiffres sont autrement plus impressionnants : dans le canton des Grisons, 60% des fermes produisent en bio, alors que les conditions dans le canton de Neuchâtel, qui compte avec beaucoup de pâturages et de surfaces herbagères, y seraient en principe tout aussi favorables.

 

Bref, il est l’heure de réagir, et c’est en tant que propriétaire que l’Etat peut donner non seulement l’exemple, mais aussi une vraie impulsion. Nous sommes parfaitement conscients du fait qu’il s’agit d’un vrai défi, un défi qui peut prendre du temps pour se réaliser, mais c’est précisément pour cela qu’il faut s’y atteler tout-de-suite : c’est un défi bon pour la planète, bon pour notre santé et bon pour l’avenir de nos enfants.

 

Et au moment où la planète commence à lancer de sérieux cris d’alarme, c’est bientôt le dernier moment pour ouvrir nos oreilles. Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons redresser le cap et transmettre une planète vivable à nos enfants.